QUEL TRAITEMENT RESERVE L’EVAM AUX
PERSONNES VULNERABLES, EN PARTICULIER SUR LE PLAN MEDICAL ?
La situation des
migrant-e-s, débouté-es de l’asile, dans le canton de Vaud se dégrade de jour
en jour. Leur dignité d'êtres humains, leur droit à une existence privée et
sociale, leur santé physique et psychique sont constamment mis en danger, voire
piétinés. Les personnes les plus vulnérables, comme les
malades, les personnes traumatisées ou les enfants sont particulièrement
touchées. Ce constat est aujourd’hui notamment établi
par des médecins, des infirmier-e-s de la Policlinique médicale universitaire
(PMU) ainsi que par des médecins et du personnel soignant, qui suivent
médicalement ces personnes.
Des exemples,
parmi d’autres, de situations
inacceptables :
·
Celles des familles avec des
enfants placées dans les centres d’urgence. Quelles sont en outre les
conséquences pour l’avenir d’un enfant et son équilibre psychique de devoir
changer d’école cinq fois en deux ans et demi, du fait des déplacements
incessants dont leur famille sont l’objet ?
·
Celles de femmes, placées dans
un foyer de célibataires: 4 ou 5 d’entre elles doivent cohabiter avec de
nombreux hommes, ce qui, inévitablement, conduit à des situations de
harcèlement et porte atteinte à leur santé psychique;
·
En octobre 2013, un homme
souffrant de diabète a été placé au sleep-in de Morges, sans nourriture
compatible avec sa maladie ni argent pour s'en procurer, et sans accès à une
structure de jour. Un autre est resté pendant une semaine avec un abcès
dentaire, avec pour seul «traitement» des comprimés de Dafalgan distribués par
des agents de sécurité.
·
Un jeune Syrien arrivé en
Suisse en septembre 2013 a été placé dans un abri antiatomique qui lui a fait
revivre le traumatisme de la guerre; malgré les injonctions pressantes de la
PMU faisant état de crises d'angoisse et de propos suicidaires, il a fallu deux
mois à l'EVAM pour le transférer dans un autre hébergement.
·
L'établissement ne s'est pas
non plus ému lorsqu'une jeune mère turque menacée de mort par son mari a
demandé protection. Il aura fallu l'intervention de la PMU et d'une association
pour que l'EVAM lève le petit doigt... au bout d'un an!
Misère matérielle et sociale, dépressions, crises d'angoisses, bagarres,
automutilations et suicides rythment le quotidien des
personnes qui espèrent ou espéraient trouver refuge en Suisse. En violation de son devoir légal
d'assistance, l'Etablissement vaudois d’accueil des migrants(EVAM) fait
prévaloir la logique punitive sur les besoins sociaux et médicaux des personnes.
L'EVAM abuse
régulièrement de son pouvoir en expulsant des migrant-e-s des structures
d'hébergement, en mettant en danger leur santé ou encore en les baladant de
foyer en foyer sans droit de recours. Ces déplacements incessants, comme les
conditions de logement dans les abris et les foyers d’urgence, ont des effets
très négatifs sur l’état de santé physique et psychique de ces personnes. Cette
violence institutionnelle crée des
situations de détresse extrême, qui aboutissent à des drames: récemment,
un homme est mort en se défenestrant au foyer d'aide d'urgence de Vennes, un
autre est resté paralysé après avoir sauté du toit du centre de Vevey, un
troisième a tenté de s'immoler devant les bureaux du Service de la population
(SPOP), un quatrième s'est ouvert les veines dans les toilettes d'un abri PC.
L'EVAM met en danger la santé et la sécurité des
migrant-e-s. Faisant régulièrement fi de l'avis de la Policlinique
médicale universitaire (PMU), il laisse croupir durant des mois des personnes
particulièrement vulnérables dans des abris antiatomiques.
Les personnes
déboutées qui trouvent à se loger chez une connaissance sont aussitôt radiées
de l'aide d'urgence et de la couverture maladie de l'EVAM. Comment
pourraient-elles contracter une nouvelle assurance, sachant qu'elles devront
attendre des mois avant de recevoir un subside et qu'elles n'ont de toute façon
pas les moyens de payer la franchise?
Le service de la
Policlinique médicale universitaire (13 infirmier-e-s pour des milliers de
«patients»!) chargé du suivi des demandeurs d'asile doit être immédiatement
renforcé, par un doublement du personnel infirmier et par l'engagement de
médecins, y compris psychologues et psychiatres, pour assurer une permanence
dans les centres. Le pouvoir décisionnel sur les conditions d'hébergement des
migrants et sur l'accès aux soins dentaires devrait être confié à ce service.
Il est inadmissible que des personnes sans formation médicale puissent
s'asseoir sur les prescriptions des professionnels et ainsi mettre en danger
des vies humaines. L'affiliation à l'assurance maladie de base doit en outre
être garantie à toutes et tous, conformément à la Constitution fédérale.
Les député-e-s
soussigné-e-s demandent au Conseil d’Etat de rédiger un Rapport permettant de
faire le point le traitement réservé par l’EVAM aux personnes vulnérables,
particulièrement en matière de santé psychique et physique, rapport qui doit
servir à proposer des moyens pour garantir véritablement l’accès aux soins,
physiques et psychiques, de ces personnes.
Le 10 juin 2014
Jean-Michel Dolivo Serge Melly Jacques Neirynck Denis-O. Maillefer Raphael Mahaim
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