Lausanne, le 11.06.2014
Monsieur le directeur de
l'EVAM,
Monsieur le membre des Verts
vaudois,
M. Erich Dürst,
Cher Erich,
Nous sommes venu-e-s en
personne vous apporter cette lettre et visiter les nouveaux locaux de
l'institution que vous dirigez. Car il arrive aussi à l'EVAM de déménager,
certes moins souvent que celles et ceux dont il a la charge et qu'il cherche à
«dynamiser» afin de les sortir de la «léthargie dans laquelle ils s'installent
parfois».
Nous nous permettons de citer
ci-dessus votre rapport sur le durcissement de l'aide d'urgence, car nous
constatons qu'il reflète parfaitement la philosophie et la pratique de la
maison à l'égard des requérants d'asile. En effet, des témoignages de
migrant-e-s et de membres du personnel médical et social nous renseignent jour
après jour sur la détresse, les privations et les humiliations que vivent
celles et ceux qui espéraient trouver refuge dans ce pays.
L'EVAM viole les droits
fondamentaux de ses «hôtes» en entassant des personnes traumatisées dans des
abris antiatomiques au mépris des avis médicaux, en déplaçant continuellement
des familles sans égards pour la scolarité des enfants, en radiant des
requérants d'asile déboutés de l'assurance maladie ou encore en jetant des
hommes à la rue en plein hiver pour les punir de leur comportement. Pour plus
de détails, nous vous renvoyons au manifeste ci-joint.
En somme, quel résultat
escomptez-vous de la «guerre d'usure» déclarée aux requérants d'asile déboutés?
La politique de l'EVAM est-elle jugée efficace lorsque des femmes et des hommes
sans papiers sombrent dans la dépression et l'alcoolisme, se mutilent, se
suicident? Estimez-vous que d'autres mesures plus dissuasives doivent être
prises afin de diminuer «l'attractivité» de l'aide d'urgence dans le canton de
Vaud?
Conscient-e-s que toutes les
décisions ne sont pas entre vos mains, et que la politique appliquée par l'EVAM
s'inscrit dans un contexte fédéral et européen de chasse ouverte aux migrants
non désirés, nous nous limiterons à quelques exigences élémentaires dans un
pays signataire de la Convention européenne des droits de l'homme:
1)
Arrêt immédiat de
la politique de déplacement (dite «dynamisation») appliquée par votre
Etablissement. Tout transfert dans une autre structure de l'EVAM doit être
sujette à recours.
2)
Arrêt immédiat
des punitions arbitraires et disproportionnées, telles que l'exclusion des
structures d'hébergement. En cas de délit, l'EVAM doit saisir les instances
habilitées et non pas faire justice lui-même.
3)
Application
rigoureuse des recommandations médicales émises par la PMU et les autres
professionnels de la santé.
4)
Garantie
effective de l'assurance maladie obligatoire, conformément à la Constitution
fédérale.
5)
Prise en
considération de la situation des femmes célibataires, qui se retrouvent
parfois dans les mêmes foyers que les hommes.
6)
Mise sur pied
d'un groupe de travail pour améliorer les conditions de vie des requérants
d'asile dans le canton de Vaud.
Afin d'en parler avec vous de
vive voix, nous vous attendons dans le hall du bâtiment voisin, route de
Chavannes 33, que nous occupons de manière pacifique et néanmoins déterminée.
Avec nos salutations
d'urgence,
Le groupe du 11 juin
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